Héroïnes d'hier et d'aujourd'hui

Taekwondo : Marlène Harnois en lice pour les JO de Londres

J’ai rencontré Marlène Harnois la semaine dernière à l’INSEP. Quelques jours après sa victoire aux championnats d’Europe de taekwondo dans la catégorie des moins de 62 kilos. Un titre qu’elle avait déjà obtenu en 2008, dans la foulée de sa naturalisation française. Comme le laisse deviner de manière très discrète son accent, Marlène Harnois est née au Canada. « J’ai commencé le taekwondo à l’âge de 4 ans, se souvient-elle. J’étais une enfant très dynamique. Ma mère m’a inscrite à plusieurs sports pour que je dépense mon énergie et pour avoir un peu de temps à elle pour souffler ! J’ai rapidement obtenu de bons résultats, dans le championnat canadien puis au championnat du monde junior. Il n’y avait pas alors de structures spécifiques au Canada pour le taekwondo de haut niveau, j’ai toujours du négocier avec les profs pour m’absenter et participer aux compétitions. Ce n’était pas évident. »

A 14 ans, Marlène Harnois se fait remarquer par la Direction Technique Nationale française qui l’invite à passer un an dans l’hexagone au titre de la solidarité francophone. Direction Aix-en-Provence et son pôle France d’élite. Elle y rencontre les emblématiques Myriam Baverel et Pascal Gentil : « J’étais la plus jeune du groupe ce qui était très motivant. Myriam et Pascal m’ont pris sous leurs ailes, je me suis investie à fond pour ne pas les décevoir. Ce fut l’une des plus belles années de ma vie. » Le retour au Canada fut rude en l’absence de toute structure pour pratiquer le taekwondo à haut niveau dans de bonnes conditions. « Je devais financer moi-même mes participations à des tournois qui se passaient parfois en Asie ou en Europe, poursuit-elle. Cela revenait beaucoup trop cher et c’était trop compliqué. Le niveau scolaire et le suivi médical n’avaient également rien à voir avec ce qui se faisait en France. Je ne me voyais pas continuer dans ce cadre-là. »

Résultat des courses : Marlène Harnois arrête le taekwondo et profite de sa vie d’adolescente comme tout le monde. Jusqu’à l’appel inattendu en 2005 de Myriam Baverel, médaillée d’argent en taekwondo aux JO d’Athènes. Devenue entraîneur de l’équipe de France, elle lui lance un pari fou : revenir à Aix, obtenir sa naturalisation et participer aux JO sous le drapeau tricolore. « Avec le décalage horaire, il était 6h du matin pour moi, je ne comprenais pas très bien ce qui m’arrivait. Je suis partie en France quinze jours plus tard. J’étais complètement déconnectée du sport de haut niveau, mais j’aime les défis. J’ai beaucoup galéré les premiers mois, physiquement, psychologiquement et techniquement. J’en prenais plein la tronche, y compris par les mecs, qui, quand ils voulaient se reposer un peu, s’entraînaient contre moi ! » 

En moins d’un an, Marlène Harnois retrouve le très haut niveau. Elle enchaîne ensuite les victoires en Opens, seules compétitions auxquelles elle pouvait participer en attendant sa naturalisation. Elle l’obtient au bout de trois ans – des années passées à s’entraîner sans revenus et sans aides – en avril 2008. Elle gagnera quelques jours plus tard les championnats d’Europe. « C’est encore aujourd’hui ma plus belle victoire, estime-t-elle. J’avais à cœur de remercier la France et tous ceux qui ont cru en moi en remportant ce titre. » Il était alors trop tard hélas pour partir aux JO de Pékin puisque les qualifications étaient déjà passées.

Cette année, Marlène Harnois, désormais âgée de 25 ans, n’a pas laissé passer sa chance. Elle participera bien aux JO de Londres, mais dans la catégorie des moins de 57 kilos. « Seules quatre catégories sont représentées aux Jeux, contre huit lors des autres compétitions, regrette-elle. Mon poids de forme est à 61-62 kilos, je dois donc perdre du poids ce qui est fatiguant physiquement et mentalement. La pesée est la pire corvée que je connaisse ! » Chargée de communication dans une société d’informatique, la jeune femme est détachée depuis octobre 2011 pour se consacrer pleinement à sa préparation olympique. Un peu plus médiatisée depuis son deuxième titre européen, Marlène Harnois tient à mettre avant son sport plus qu’elle-même : « Je veux transmettre ma passion aux gens. Le taekwondo est souvent perçu à tort comme un sport violent. C’est un art martial, certes, mais c’est aussi un sport technique et artistique qui inculque des valeurs de respect. En plus, c’est très ludique. »

En attendant de la voir briller cet été à Londres, vous pouvez soutenir Marlène Harnois via son compte Twitter. Elle va participer prochainement aux  championnats du monde universitaires en Corée et aime twitter entre les combats. Alors, tous à vos encouragements !

Plus d’infos sur www.marleneharnois.com et sur la page Facebook de Marlène Harnois.

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